Non, nous n'allons pas relancer le fameux débat
global/syllabique qui a fait couler beaucoup d'encre mais qui n'a rien
résolu. Aujourd'hui, les querelles sont terminées. L'expérience et la
recherche ont permis de préciser ce dont les enfants ont besoin pour
avoir toutes les chances d'apprendre à lire, sans trop de souffrance !
D'abord, il est recommandé d'utiliser une méthode de lecture existante,
quitte à corriger ses éventuels défauts. Il est bon d'avoir un manuel,
un livre à mettre dans les mains des enfants. Pour l'enseignant, c'est
une sécurité.
Les caractéristiques de cette méthode peuvent être décrites ainsi :
1) La méthode est structurée. Elle a été
pensée. Il n'est pas possible de réussir avec des textes de littérature
jeunesse pris au hasard : aucun texte de littérature n'a été écrit à
l'appui d'un enseignement de la lecture. Structurée et cohérente : ceci
exclue les méthodes dites mixtes ou intégratives qui demandent à
l'enfant d'utiliser plusieurs stratégies de lecture : déchiffrer
certains mots, reconnaître des mots photographiés, deviner avec le
contexte ou avec des images.
2) La méthode est explicite. Le principe
alphabétique est expliqué dès le départ. Plus besoin d'attendre un
déclic qui pour certains enfants ne viendra jamais. Tout est enseigné
explicitement : le son que font les lettres, les différents graphèmes de
la langue française, les phonèmes correspondants.
3) La méthode est progressive. L'enfant relie
les nouvelles connaissances à celles qu'il a déjà : rien ne sert
d'essayer de lui faire franchir des marches trop grandes car le
découragement risque d'être au bout. Chaque nouvelle notion repose sur
ce qui est su, et introduit une nouveauté facile à comprendre et à
mémoriser. L'enfant n'a jamais à lire un quelconque mot qui comprendrait
des graphèmes non encore étudiés. Les exceptions seront vues lorsque
l'enfant connaîtra tous les graphèmes dans leur usage normal.
Pour affiner, les spécialistes recommandent aussi :
- des méthodes qui mettent l'accent sur l'écriture pour consolider l'apprentissage du déchiffrage.
- des méthodes qui insistent beaucoup sur le déchiffrage pour
le rendre facile et fluide car ceux qui comprennent le mieux le sens
des textes sont ceux qui savent le mieux déchiffrer. Le code est à
travailler de manière intensive. L'enfant aime beaucoup cela et il en
sera reconnaissant !
- des méthodes qui partent des graphèmes et non des phonèmes,
car un phonème peut correspondre à plusieurs graphèmes et la leçon peut
alors devenir trop difficile, avec des risques de confusion. Les autres
manières d'écrire un phonème appris avec le graphème de base pourront
être vues plus tard, l'une après l'autre, avec des exemples de mots qui
les utilisent.
- des méthodes qui offrent des textes de bonne qualité littéraire
(les mots non connus par les enfants sont l'occasion d'un
enrichissement dans la mesure où ils peuvent les déchiffrer et où
l'enseignant leur en donne la signification).