vendredi 19 février 2016

 Lu sur http://www.agoravox.fr/tribune-libre/article/non-la-reussite-des-etudiants-de-177811

Dernièrement, l’ENS-Ulm a décidé de proposer une voie d’admission sur dossier. Les admissions parallèles dans les Grandes Ecoles se multiplient avec une volonté « d’ouverture » partant du fait que « la prépa » n’est qu’un mécanisme de reproduction des élites.
Les classes préparatoires sont le croque-mitaine de notre système d’éducation. Elles ne seraient que des lieux où règnerait un étouffant entre-soi élitiste. Pour cause, 50% des enfants présents sont des enfants de cadres et de professions supérieures alors que cette catégorie ne représente que 10% de la population.
Pour faire reculer les inégalités, il faudrait proposer des voies d’admissions sur dossier et non plus sur concours, et donc implicitement briser le système des classes préparatoires. Depuis quelques années déjà on nous vante les mérites de la discrimination positive inspirée des affirmative actions américaines. SciencesPo Paris a ainsi dévleoppé ses Conventions d'Education Prioritaire. Le concours est aboli au profit d’une sélection sur dossier. On rentre alors dans les écoles parce qu’on a un tel arrière plan migratoire, une telle origine sociale mais plus seulement grâce à son travail. On a oublié que dans ce sophisme qu’est l’expression « discrimination positive » il y avait tout de même le mot discrimination.
C’est ignorer que les inégalités se forment avant l’entrée de l’élève dans l’enseignement supérieur, au secondaire.
C’est ignorer que les inégalités se forment avant l’entrée de l’élève dans l’enseignement supérieur, au secondaire. Sylvie Bonnet, présidente de l’Union des Professeurs de classes préparatoires scientifiques, le soulignait à juste titre. Avec La loi Haby sur le collège unique nous avons voulu démocratiser l’éducation : nous avons massifié l’enseignement mais pas l’excellence. Et cela parce que nous tenons pour horreur tout soupçon de sélection. Jamais la proportion d’enfant d’ouvriers a été aussi faible dans le supérieur. Pour cause, les plus pauvres sont victimes d’un nivellement par le bas promu par la rue de Grenelle. Ils sont condamnées à suivre des programmes dont la substance classique a été évacuée et dont les exigences sont insuffisantes au vu des prérequis du supérieur. Leurs camarades les plus aisés auront, eux, toujours accès à des sources de connaissance supplémentaires au travers de l’enseignement privé et plus généralement d’un accès facilité à la culture classique.
On oublie alors que le concours c’est la méritocratie par excellence. L’assurance de s’élever par le travail, sans lequel on a rien, par le mérite qui légitime les ambitions, et par l’effort qui donne du sens à la vie. Il s’agit donc d’une aventure humaine, exigeante mais salvatrice, qui permet d’arracher au coeur de chacun le sentiment d’injustice.
Il s’agit donc d’une aventure humaine, exigeante mais salvatrice, qui permet d’arracher au coeur de chacun le sentiment d’injustice.
En ce sens, les classes préparatoires incarnent ce qu’il reste du passé méritocratique de notre éducation. C’est pour cela même qu’elles sont vilipendées.
 
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À lire également, un article de 2007 http://www.agoravox.fr/tribune-libre/article/que-faire-des-classes-prepas-29135